La fête avant la bagarre
rideau

Un détachement de jeunes Algériens s'essaie à marcher au pas et à chanter l'hymne national algérien. La chorale improvisée bute encore sur le crescendo difficile des couplets, mais se raffermit et enfle la voix à l'approche du refrain entraînant : Achaa­dou, achaadou, achaadou (Témoignez, témoignez, témoignez).
La répétition est terminée. Les jeunes gens font cercle autour d'un orateur qui, juché sur une caisse, harangue son auditoire vibrant et lui explique comment et pourquoi le vote Oui de demain sera l'aboutissement victorieux de sept ans de lutte nationale.
Dans quelques jours, bien sûr, il y aura des bagarres, dit le responsable F.L.N. mais, aujourd'hui, on ne veut pas le savoir. Aujourd'hui, après sept ans de deuils, de privations, de sacrifices, c'est la joie de la victoire. C'est l'indépendance, c'est la fête.
Dimanche, 1er juillet, 2 heures du matin. Un monde enfanté dans la douleur se prépare à saluer le jour.
A Belcourt et en Basse-Casbah, les soldats de l'A.L.N. sont arrivés par centaines. On se heurte partout à des djounouds en tenue bariolée, poitrine barrée de bandes de car­touches, mains encombrées de chargeurs, et crosses de colt dépassant encore de la poche de la vareuse.

Les petits marchands s'en vont, en chantant, rechercher un abondant ravitaillement en victuailles, en boissons et en cigarettes (y compris les Gitanes et les Gauloises plus ou moins introuvables ailleurs) parce que le jour de la liberté, personne ne doit manquer de rien.
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